Isabelle Desgagné-Pénix, Ève Langelier, Emmanuelle Charpentier, Farah Alibay, pour ne nommer que celles-là, sont toutes des femmes de la francophonie s’étant particulièrement illustrées dans des domaines dominés par les hommes. Désireuses de valoriser le rôle des femmes dans les STIM, elles souhaitent également ouvrir davantage la voie aux jeunes filles vers ses métiers non traditionnellement féminins, notamment en étant des modèles pour les adolescentes.

Le Manifeste à propos des femmes en STIM : sciences, technologies, ingénierie et mathématiques, paru au éditions JFD au début de 2022, expose les enjeux, les préoccupations, les embuches vécus par les femmes de ces domaines. Il dresse un portrait de la situation des femmes en STIM. Il propose également sept recommandations visant l’équité, la diversité et l’inclusion des femmes en STIM.

Un peu d’histoire

Depuis 1901, seulement 57 femmes ont reçues un prix Nobel. La première fut Marie Curie en 1903. Elle est d’ailleurs la seule femme à en recevoir deux et la seule personne nobelisée à avoir été récompensée dans deux domaines scientifiques différents ; la physique (1903) et la chimie (1911).
De nos jours, les femmes chercheurs ne représentent que 6% des nobélisés, elles ne représentent que 30% des chercheurs à travers le monde.


Au Québec, la docteure Irma LeVasseur fonde l’Hôpital Ste-Justine de Montréal en 1907. Elle avait obtenu en 1903, avec onze de ses homologues féminines, la permission spéciale de pratiquer la médecine dans sa province.
En janvier 1916, la docteure Rowena Hume, du Women’s College Hospital, premier hôpital canadien pour femmes dirigé par des femmes médecins, marquera l’histoire de la recherche médicale documentée en partageant sa recherche sur l’accouchement et l’anesthésie d’une patiente lors d’une réunion.
Ce n’est que 2 ans plus tard (1918) que les femmes obtiendront le droit de vote au Canada.


La première femme diplômée en génie électrique de l’Université de Toronto (1927) est Elsie MacGill. Elle devient la première femme ingénieure canadienne en exercice.


Au canada, il faudra attendre en 1938 pour qu’une femme soit élue membre de la Société royale du Canada. Alice Evelyn Wilson, géologue et paléontologue fut la première à recevoir cet honneur. Elle fut également la première femme membre de la Société américaine de géologie.

C’est à partir des années 1950, alors que les femmes deviennent plus actives sur le marché du travail et qu’elles ont davantage accès à l’éducation universitaire qu’elles commencent à s’établir dans des professions STIM.

Dès 1960 la vie des femmes et leur avenir prend un tournant significatif. La création du Ministère de l’éducation et des cégeps, la Révolution tranquille, la Loi sur le divorce ainsi que la contraception permettent aux femmes de prendre le contrôle de leur corps, de leur éducation et de leur vie.

Dans le but de promouvoir l’accès et l’avancement des femmes en STIM, l’Association de la francophonie à propos des femmes en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (AFFSTIM) voit le jour le 4 juillet 2003. Ses co-fondatrices sont Claire Deschênes, Louise Lafortune ainsi que Marie Bernard.

En 2017-2018, seulement 21% des demandes de financement présentées au Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT), qui soutient la recherche dans les domaines des STIM étaient faites par des femmes.

Repéré sur Histoire de chez nous

En 2019, selon Statistiques Canada, les femmes représentaient uniquement 23% des employés en STIM, même si 34% d’entre elles sont titulaires d’un diplôme en STIM.

Statistique Canada. Tableau 33-10-0501-01  Représentation des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et dans les postes de dirigeants, selon les caractéristiques des entreprises
DOI : https://doi.org/10.25318/3310050101-fra

Pour conclure, voici une citation d’une professeure-chercheure à l’INRS, autrice du texte Défis et enjeux pour les femmes non hétérosexuelles travaillant en STIM, Manifeste pour les femmes en STIM qui parle de la réalité des femmes non hétérosexuelle en STIM.

« Ne pas parler de l’invisibilité des femmes non hétérosexuelles en sciences, c’est, d’une certaine manière, contribuer à cette invisibilité. »

Géraldine Delbès, professeure-chercheuse spécialisée en toxicologie de la reproduction

Quelques étoiles qui brillent : portraits rapides

Emmanuelle Charpentier est microbiologiste, généticienne et biochimiste. Sa collègue, Jennifer A. Doudna et elle ont reçu le prix Nobel de chimie en 2020 pour leur découverte de «ciseaux» moléculaires qui permettent de couper l’ADN à des endroits très précis.

Catherine Potvin est biologiste forestière, spécialiste des puits de carbone dans la forêt tropicale, professeure titulaire et chercheuse au Département de biologie de l’Université McGill ainsi que pour la Chaire de recherche du Canada sur l’atténuation des changements climatiques et sur la forêt tropicale. Elle a reçu, en 2021, la médaille Sir John William Dawson pour ses recherches en conservation biologique, en écologie social et en politique.

Professeure adjointe de clinique au département de médecine de famille et médecine d’urgence à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et responsable du Centre d’éthique à la Direction de la qualité, évaluation, performance et éthique au CISSS de Laval, Marie-Ève Bouthillier a complété un doctorat en sciences humaines appliquées option bioéthique, un DESS en bioéthique (UdeM) ainsi qu’une maîtrise en «Medical Ethics and Law» au King’s College de Londres.

Pionnière dans l’univers du génie, Claire Deschênes est une sommité internationale dans le domaine des turbines hydrauliques. Elle est la première femme professeure dans un département de génie à l’Université Laval. Militante, elle a œuvré toute sa carrière afin que les femmes aient une plus grande place en STIM. Elle est la co-fondatrice de trois organisations qui soutiennent la présence des femmes dans ces domaines. (AFFSTIM, INWES et ICFIS). Elle est membre de l’Ordre du Canada, chevalière de l’Ordre du Québec et elle a reçu de nombreuses distinctions.

Pour en apprendre encore davantage sur les femmes exceptionnelles en STIM au fil de l’histoire, consultez la ligne du temps.

Unique, mais complémentaire

Pourquoi les femmes excellent-elles différemment des hommes en STIM?
Selon certaines, cela aurait un lien avec la façon plus globale dont elles voient les choses. Pour d’autres, c’est leur capacité d’être beaucoup à l’écoute des populations affectées par le problème étudié et moins directement sur le problème.
Les femmes auraient une vison plus empathique et moins technologique. Elles auraient également une prédilection sur le croisement des savoirs.
Finalement, elles seraient aussi plus ouvertes que leurs homologues masculins à collaborer avec des chercheurs d’autres disciplines.

Alors, pour attirer davantage d’adolescentes en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques faudrait-il repenser la manière dont on les intègre?
C’est ce que semblent penser Cassie L. Rhéaume, directrice chez Lighthouse Labs Montréal, tout comme Marianne Desautels-Marissal, journaliste scientifique indépendante. Selon elles, six actions incontournables devraient être privilégiées.

  1. Donnez la piqure tôt;
  2. Offrir des modèles féminins positifs;
  3. Réduire les écarts entre les hommes et les femmes;
  4. Faire tomber les stéréotypes;
  5. Créer des opportunités d’apprentissage et des lieux d’exploration ouverts;
  6. Penser et construire un futur positif et inclusif.

Quelques documents et Sites Web sur le sujet

Cliquez ici pour signer le manifeste

Site Web


Femmes en STIM

Femmes en STIM : Au-delà des défis, de grandes perspectives


La boîte à science

Chaire pour les femmes en sciences et en génie au Québec

Références

Les femmes dans les carrières STIM : ou en sommes-nous rendus en 2023? Repéré sur Randstad.ca

Éclairons toutes les voix. Repéré sur Ulaval.ca

Association de la francophonie à propos des femmes en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques

Les femmes en STIM. Repéré sur l’Encyclopédie canadienne

Femmes en STIM

Cité des sciences et de l’industrie

Un manifeste révèle la situation actuelle des femmes en STIM. Repéré sur INRS

La gazette des femmes

Laisser un commentaire